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Page:Bercy - Montmartre et ses chansons, poètes et chansonniers - 1902.djvu/140

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On c' s'rait cru l' jour d' la Saint-Médard,
Et chacun dit : « il est trop tard,
« Nous irons ensemble à Cochin
« Le voir jeudi prochain. »

Le jeudi, par un gai soleil,
Le ciel était sans un nuage.
Et l'on se dit : « c'est bien dommage
« D' s'enfermer par un temps pareil,
« Attendons qu'il fass' du brouillard,
« D'ailleurs aujourd'hui c'est trop tard,
« Nous irons ensemble à Cochin
« Le voir dimanch' prochain. »

Le dimanche matin suivant
On s' dépèch' de casser la croûte ;
On achèt' des orang's en route,
Et l'on s'en va, le nez au vent ;
Mais, à l'hôpital, un potard
Nous dit : « Messieurs, il est trop tard,
« Ça ferme à trois heur's à Cochin.
« Rev'nez jeudi prochain. »

Nous persévérons, et l' jeudi,
Comme il faisait un temps propice
Nous arrivons tous à l'hospice
Pour y passer l'après-midi.
A tous les échos de Cochin
Nous réclamons l'ami Machin.
On nous dit : « N' criez pas si fort,
« D'puis hier il est mort ! »


Lemercier, soit avec des confrères, soit seul en fait de chansonnier dans des troupes de théâtre, a fait en France et à l’étranger de nombreuses tournées. Improvisateur émérite, il y fut souvent de précieuse ressource. Une longueur, une interruption, une gaffe, un trou viennent-ils à se produire, on peut, grâce à lui, avoir instantanément raison de l’impatience ou de la mauvaise humeur de l’auditoire. On le pousse en scène ; il explique à sa façon l'incident, se fait donner des rimes et construit illico des