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Page:Berenger - Le Mariage du tresorier.djvu/111

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— Il t’aime, soit ; mais…

— Il a trop de délicatesse pour oser demander ma main, vu son manque de fortune ; c’est vous, mon père, qui me donnerez à lui.

— Hein !… tu dis ?… balbutia le bonhomme abasourdi.

La jeune fille, le regard plein de résolution, répéta d’une voix assurée la proposition inouïe qui renversait brutalement toutes les illusions paternelles. Il fallut, du reste, quelques minutes à M. Gilmérin pour entrevoir clairement ce qu’osait lui déclarer sa fille avec la bravoure entêtée de l’innocence.

Nous devons avouer que, malgré toute sa tendresse, toute sa faiblesse même, il débuta, en sentant, pour la première fois, les conséquences possibles de son aveuglement, par une superbe tirade sur sa confiance trahie, son autorité méconnue, la haute inconvenance d’un attachement mutuel contracté sans son aveu.

Valérie se souvint à propos des beaux acacias de la terrasse, dont les branches flexibles pliaient et se relevaient au souffle de l’orage sans se briser jamais. Elle se fit branche d’acacia.