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Page:Berenger - Le Mariage du tresorier.djvu/147

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opposé désormais à ses projets ? Madame de Clarande, paralysée, s’éteignait par degrés insensibles ; déjà son intelligence affaiblie ne lui permettait plus que d’assister avec une indifférence absolue à la nouvelle existence de sa fille.

Les leçons de piano avaient été abandonnées ; un habile professeur travaillait à rendre la belle artiste capable d’affronter le public parisien. Sans répondre aux timides objections de ses sœurs, qui, du fond de la province, s’effrayaient de ses tendances indépendantes, Judith se jetait, le front haut, dans cette redoutable mêlée artistique où les plus fortes-perdent quelque pièce de leur armure, les plus pures quelque fleur de leur couronne. C’est l’aveuglement dont la Providence frappe parfois celles qui doutent de sa puissance et négligent d’implorer son secours.

Elle avait refusé les offres d’argent qu’avec une habile délicatesse le jeune peintre avait osé lui faire. Un usurier, — de cette race de rongeurs spéciaux qui sucent les artistes, — sur la présentation de son engagement à l’Opéra-Comique, lui avait ouvert un crédit de plusieurs milliers de francs.