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Page:Berenger - Le Mariage du tresorier.djvu/150

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tion d’un caractère énergique, admirablement trempé, plein de fécondes promesses pour le monde des arts et des plaisirs élégants.

Tout à coup le regard de Judith, qui planait, dédaigneux, sur la salle, se fixa et devint attentif.

Une bizarre fantaisie du hasard avait réuni au premier rang des fauteuils d’orchestre des individualités bien diverses, bien tranchées, qu’elle avait déjà rencontrées sur sa route, qui toutes avaient laissé une trace plus ou moins distincte dans sa vie passée.

Un homme jeune, le front dévasté déjà, et la tête grave supportée par une cravate blanche de magistrat, ressuscita soudainement, pour mademoiselle de Clarande, le substitut, M. Ernest Samson, qui avait si tendrement aimé la fille du colonel, et l’aimait peut-être encore du fond de ses illusions mortes.

Près de lui, un superbe bellâtre, d’une irréprochable élégance, frisant des moustaches guerrières et arborant sur son torse développé la rosette de la Légion d’honneur, n’était autre que le brillant officier de hussards, l’ex-commandant Adalbert de Poitevy, qu’elle eût autrefois souhaité pour