— Éblouir !… dominer !… régner !… régner enfin ! murmura-t-elle.
Le succès de la cantatrice grandit à chaque acte. La représentation s’acheva au milieu d’un orage d’acclamations et de cris enthousiastes. Les bouquets, en pluie odorante, tombaient à ses pieds, et les critiques dramatiques regrettèrent unanimement, dans leurs articles laudatifs du lendemain, de n’avoir pu suivre les bouquets.
Pour rendre plus complet son triomphe, ses camarades, — hommes, — la félicitèrent avec chaleur. Les artistes femmes lui exprimèrent une admiration aigre-douce, dont les témoignages avaient l’aspect attrayant et la réalité piquante d’une branche de houx.
Judith, dont la loge fut assiégée, se fit déshabiller en hâte pour échapper à cette invasion, se jeta dans une voiture et arriva seule chez elle, où madame de Clarande, inconsciente, dormait.
La soubrette veillait près d’un souper délicat, préparé dans la chambre de « madame » au coin d’un feu clair et joyeux.
Judith, brisée d’émotions et de fatigues, se laissa glisser sur une causeuse, le corps