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Page:Berenger - Le Mariage du tresorier.djvu/16

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Les jeunes sous-lieutenants, élèves de Saint-Cyr, qui avaient entendu raconter les élégantes traditions du 43e, déploraient la présence d’un chef qui ne connaissait que la discipline toute nue et dédaignait profondément les accommodements qu’un homme du monde sait se ménager avec sa brutalité.

C’est dire assez que les belles manières étaient le moindre souci du bataillon à sa rentrée en France. Cette dernière campagne avait d’ailleurs introduit dans son effectif des éléments nouveaux, infiniment plus recommandables par leurs bons services que par leur éducation première.

La bravoure y avait engendré la hâblerie ; le climat brûlant, longtemps supporté, y avait développé le culte de l’absinthe ; le sans-gêne y était à l’ordre du jour ; enfin, symptôme qui caractérise généralement les rentrées de campagnes, une bonne moitié des officiers s’étaient mariés hâtivement, étourdiment, pressés par une soif de vie intérieure plus légitime que prudente, sans prendre le temps de bien choisir.

Il en était résulté pas mal de ménages où l’amour devait tenir lieu de dot, et quelques-uns