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Page:Berenger - Le Mariage du tresorier.djvu/181

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— J’ai parlé, dit la jeune femme avec une énergie factice, parce que j’ai le droit et le devoir de vous rendre heureux malgré vous.

Le trésorier se retourna vers Valérie, et, la saluant avec un indicible respect :

— Pardonnez-lui, mademoiselle, dit-il fièrement ; sa tendresse l’égare, sans atténuer mes torts personnels à votre égard. Daignez croire toutefois que je ne varie dans aucun de mes sentiments, quelque contradictoires qu’ils paraissent, pas plus avant cette regrettable démarche qu’après le généreux mouvement qui, je le devine, a dû vous conduire ici.

Mademoiselle Gilmérin ne releva pas les yeux qu’elle tenait fixés dans l’espace. Sa physionomie s’était immobilisée comme en face d’une vision stupéfiante, tandis que ses mains croisées étaient agitées d’un faible tremblement.

Que se passait-il dans le cœur de la jeune fille sans mère qui savait mieux sentir que juger ?

On n’entendait dans cette funèbre chambre que la respiration sifflante de la malade. L’enfant lui-même se taisait, intimidé.