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Page:Berenger - Le Mariage du tresorier.djvu/199

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qu’il ne voyait pas ce qui se passait derrière lui. Le troisième mordait faméliquement dans un énorme morceau de fromage de Gruyères, plus facile à se procurer que du pain dans ce malheureux pays.

C’était là le danger.

Si Périllas avait réfléchi, il ne sortait pas vivant de l’ambulance, mais Périllas ne voulut pas réfléchir.

Il était parvenu près de l’étrange soupeur sans être entendu ; il se releva, fondit sur lui, et, d’un revers de main, envoya le gruyères rouler au milieu des blessés.

Le mangeur de fromage, stupéfait de l’attaque, regarda plutôt ce qui lui échappait que celui qui le frustrait de sa ration. Il faut l’avouer, à la confusion de cette fameuse discipline allemande tant vantée, il oublia sa consigne, négligea de tirer sur le prisonnier et ne songea qu’à reprendre son souper, vers lequel des mains avides s’allongeaient déjà.

Il suivit donc la route que le fromage avait prise et s’abattit sur sa proie légitime, qu’il parvint à rattraper entre les jambes d’un mobile.