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Page:Berenger - Le Mariage du tresorier.djvu/206

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songeur en face des insondables voies de la Providence.

En les voyant entrer, le blessé fit un effort pour se soulever, mais il ne put. Alors eut lieu, près de ce lit de mort, une scène saisissante, dont le côté chrétien absorbait le côté bizarre.

Ce paysan troublé tournant d’une main hésitante les feuillets de son registre ; ce vieillard, dont les paroles d’absolution tombaient sur le mourant ; cette jeune fille qui s’apprêtait, vaillante, à consommer sa belle action ; ces blessés aux yeux mornes ; ces Prussiens stupides n’osant pas rire et se poussant pour mieux voir. Et cela dans un humble réduit, au milieu des vainqueurs, pendant que les vaincus gémissaient tout bas ; c’était fantastique !

Sur un signe du curé de Chaffois, Valérie se plaça près de Georges, la main dans sa main. Le maire s’approcha, plus gauche, plus ému qu’il ne l’avait été de sa vie, même quand les Allemands l’avaient sommé, en le couchant en joue, de leur livrer les provisions qu’il n’avait pas.

Sa conscience était tranquille, mais ses idées