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Page:Berenger - Le Mariage du tresorier.djvu/50

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— Je vous remercie, mademoiselle, d’avoir bien voulu nous montrer un coin de votre âme.

Elle le regarda de ses yeux de pervenche auxquels désormais elle imposait, par raison, une expression glaciale.

— C’est bien involontairement, monsieur, répondit-elle avec un peu de hauteur, car la maîtresse de piano était beaucoup encore la fille du colonel.

— Que serait-ce donc alors, si vous daigniez la livrer tout entière à l’enthousiasme d’une foule transportée ?… Mademoiselle, votre place est à l’Opéra.

Un tressaillement qu’elle ne put réprimer plissa son front marmoréen.

— À l’Opéra ! répéta-t-elle.

— C’est là, et là seulement, que votre talent, votre grâce et votre beauté trouveraient un véritable cadre.

Mademoiselle de Clarande fit un geste fier.

— Parlons de ma voix uniquement, je vous prie ; s’il est vrai qu’elle soit agréable, il ne m’est jamais venu la pensée de la produire en public.

— C’est une omission réparable. Douée comme