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Page:Berenger - Le Mariage du tresorier.djvu/75

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Judith, quoique prévenue de cette visite, avait eu le tact de ne s’y préparer par aucun changement de toilette. Elle voulait ne s’imposer en rien à l’imagination du jeune homme et mériter d’abord son estime.

Nous n’oserions pas affirmer qu’il n’y eût point en cela autant de calcul que de loyauté chez la belle et intelligente fille, qui savait qu’un caprice pouvait bien mener à quelque chose, mais qu’un engagement sérieux conduit plus loin encore.

Elle était donc assise devant un cahier de musique, gravement occupée à transcrire une partition, quand le jeune peintre fit son entrée. Cette simplicité fut la plus habile des mises en scène. Judith lui parut plus touchante, plus adorable mille fois, avec sa pauvre robe noire usée, dans le cadre nu où rayonnaient ses vingt ans.

La conversation, dont la musique fit naturellement les premiers frais, amena Sosthène, que les grands yeux de Judith encourageaient, à formuler sa proposition d’obtenir pour elle une audition du directeur de l’Opéra.