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Page:Berenger - Le Mariage du tresorier.djvu/86

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Et sur ce raisonnement d’une logique au moins défectueuse, le bonhomme dormait avec une entière placidité.

Valérie était une nature infiniment plus impressionnable qu’on ne le croyait autour d’elle et qu’elle ne se l’imaginait elle-même. Tandis qu’on la croyait uniquement occupée à recevoir ses amis, à étudier son piano ou à broder des pantoufles à son père, elle avait fait, dans le fond de son cœur, des pas de géant vers l’inconnu, vers le bonheur, vers l’amour.

En un mois elle franchit, muette et ravie, la gamme des sentiments intimes les plus purs, certes, les plus vifs aussi. Elle aima Georges de Maucler avec la belle irréflexion de la jeunesse qui va où la pousse un vent mystérieux. Cela suffisait à rendre ses yeux brillants, ses lèvres épanouies et son existence radieuse.

La réaction n’était pas encore venue, le doute ne l’avait pas effleurée de son aile brutale.

Un matin, elle s’éveilla plus gaie que de coutume encore et descendit au jardin en fredonnant une des plus jolies romances de sa belle maîtresse de piano, qui avait un répertoire inépuisable