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Page:Berenger - Le Mariage du tresorier.djvu/88

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L’homme allait au travail, ses outils sur l’épaule ; la femme l’accompagnait en portant les provisions du jour. On devinait qu’elle voulait prolonger de quelques instants cette compagnie, et que lui, partageant le même désir, cherchait à lui faire oublier la distance déjà parcourue.

Ils causaient à voix presque basse, mais, dans la paix sereine de cette matinée, le moindre bruit se répercutait doucement. Valérie surprit au passage leurs naïves confidences.

— Vois-tu, Jean, disait la jeune femme, il ne faut pas rire avec ces choses-là ; si tu n’avais pas deviné mon amour, je serais morte !

— Ne pas te deviner, Marie !… mais je t’ai aimée, moi, sais-tu bien ? le premier ! répondait l’ouvrier avec tendresse.

— Vrai ?

— Vrai.

— Alors pourquoi ne me le disais-tu pas ?

— Ton père était patron, et moi simple manœuvre.

— Ah !… te voyant silencieux, je croyais que tu en aimais une autre.