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Page:Berenger - Les Deux Femmes du major.djvu/35

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Le major en resta stupéfait, comme d’une révélation mille fois plus foudroyante que la présence même du personnage.

Toutes les caisses portaient « Douai » engrosses lettres, avec une sorte de fanfaronnade systématique. Jamais on n’écrivit un nom de ville en lettres si apparentes que cela.

Ce « Douai » agressif avait quelque chose de triomphal.

Le major, un instant absorbé par cette découverte, chercha Jane du regard.

Elle était debout, immobile, appuyée d’une main à la poignée de cuivre du wagon, et si pâle, sous sa voilette, que le major en eut pitié.

— Venez, ma chère enfant, lui dit-il avec douceur.

Elle se laissa prendre le bras et marcha lentement vers la sortie, les yeux dans le vide.

Un officier du 206e venait à sa rencontre.

Le capitaine Odret, qu’une blessure reçue à Magenta rendait impropre à la marche, avait devancé son régiment et occupait ses loisirs, à Douai, en cherchant des appartements pour tous ses camarades.