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Page:Berenger - Les Filles du colonel.djvu/159

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À cette démonstration de gratitude, l’émotion de madame Myonnet prit des proportions inquiétantes pour sa réserve, et bien flatteuses pour l’amour-propre du commandant.

Elle devint tour à tour violette et verte, elle parut oppressée, elle ouvrit une fenêtre, et retomba à demi pâmée sur son fauteuil.

M. de Poitevy la contemplait avec surprise. L’effarement ne lui messeyait pas trop et cette petite suffocation, habilement dessinée, lui avait permis de mettre en relief les indiscrétions, qu’elle supposait séduisantes, d’un peignoir de cachemire blanc, agrémenté de velours noir.

La conversation retrouva difficilement son équilibre… C’était une sensitive que cette robuste veuve.

Elle se prétendit un peu souffrante, par suite de l’inquiétude qu’elle avait éprouvée, de la violence qu’elle avait dû faire subir à sa nature, et de la joie qu’elle ressentait de voir sain et sauf celui qu’elle avait préservé.

Le commandant, après s’être confondu en actions de grâces qui s’adressaient beaucoup plus au procédé de la dame, qu’au danger proprement