Page:Berenger - Les Filles du colonel.djvu/210

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je vais le porter quelques instants pour vous en épargner la fatigue.

Judith ne répondit pas et marcha, farouche, à côté de lui, dans l’ombre du bois.

Bientôt ils prirent la grande allée de platanes et la parcoururent dans la moitié de sa longueur sans rencontrer personne, sans échanger un mot.

Quand la maison fut en vue, Judith s’arrêta, et prenant à son tour Bébé dans ses bras :

— Merci, monsieur, dit-elle, regagnez le bois : il ne faut pas qu’on vous voie ici… Et rentrez à la ville que vous ne quitterez plus. Le roman champêtre, veuillez vous en souvenir, n’est plus dans nos mœurs.

Elle le salua aussi sèchement que la première fois ; mais il ne chancela pas sous la dureté de cet adieu implacable ; car, en lui remettant l’enfant, il avait effleuré de ses doigts brûlants les doigts glacés de la jeune fille.

Et quand même, il emportait du bonheur !

Comme Judith atteignait la maison, Hortense en sortait en appelant Bébé. Ce qu’elle vit la rendit muette de saisissement.