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Page:Berenger - Les Filles du colonel.djvu/69

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travers les tentures baissées, et venait éclairer le lamentable désordre d’une salle de bal abandonnée.

La sérieuse fille du colonel, toute lasse qu’elle devait être, se livrait à un singulier travail. Elle rangeait symétriquement, dans une petite corbeille ronde, un beau bouquet enlevé à une potiche, et, tout autour, des gâteaux, des nougats, des oranges glacées.

La femme de chambre, surprise et mécontente, attendait que « mademoiselle » lui permît enfin d’aller se reposer.

— Tenez, dit Hortense en se retournant vers elle, vous porterez, vers neuf heures, cette corbeille à nos petits voisins de l’autre côté de la cour.

— Ces fleurs, mademoiselle… et ces bonbons ?

— Oui. La musique a dû les empêcher de dormir cette nuit ; il faut au moins que leur réveil soit agréable.

Et, toute souriante de sa bonne pensée, elle rentra chez elle en murmurant :

— Les chers petits auront aussi leur part de la fête.