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Page:Berenger - Les Filles du colonel.djvu/72

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que tu aimes comme un fou, doit avoir un grain d’ambition ; tu sais, les mères, elles ont parfois la double vue.

« Tandis que tu rêves au bonheur, cher enfant, moi je regarde tristement venir la fin. Ne te récrie pas, je suis malade, et la vie ne m’a pas été souriante. Si ce n’était ta sœur Augustine, je ne m’effrayerais pas trop de ce départ prévu. Mais Augustine seule, sans fortune ! voilà mon incessante inquiétude. Elle parle de vie religieuse, et sa piété exaltée me paraît l’entraîner vers le couvent. Je bénirai cet asile s’il lui donne la paix et le repos. Mais, si elle reculait devant le sacrifice, promets-moi que ta sœur trouverait en toi le même dévouement que tu montres à ta mère. »

Cette réponse, un peu décourageante et attristée, glaça la joie du substitut. Elle faisait naître des inquiétudes au milieu de ses élans d’espérance, et ne pouvait en aucun cas diminuer son enthousiasme pour la personne de Judith.

Mais quelle tristesse ! on lui parlait mort, quand il parlait amour !… couvent, quand il parlait mariage !…