Page:Berenger - Les Filles du colonel.djvu/86

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— Certainement, dit vivement madame Myonnet, s’il a la chance heureuse de trouver une femme désintéressée qui consente à épouser à la fois un substitut pauvre, une belle-mère infirme et une belle-sœur grincheuse.

Il y eut un silence.

Judith mâchonnait son mouchoir.

On annonça le commandant de Poitevy.

Il fit son entrée avec cette démarche élastique, ce sourire satisfait, ce tour de tête vainqueur qui le désignaient à l’attention de toutes les femmes et à la rivalité de tous les hommes.

C’était la première fois que madame Myonnet le rencontrait dans le monde, ce qui s’explique par l’austérité à laquelle elle se condamnait ; mais elle l’avait entrevu à cheval, en breack, conduisant son élégant attelage à côté d’un groom à livrée marron.

Elle avait entendu parler de ses manières de grand seigneur, de son luxe et de son influence au 17e hussards. De plus, enfin, il était devenu son locataire, car le défunt manufacturier avait laissé à son inconsolable compagne quatre ou cinq maisons superbes sur le pavé viennois.