J’ai dit dans la préface de ma Chrestomathie Védique qu’au dépouillement des manuscrits d’Abel Bergaigne on avait trouvé la traduction annotée de quarante hymnes du Rig-Véda, choisis par lui pour entrer dans ce recueil dont il m’avait confié la rédaction. Un manuel destiné à l’enseignement ne comportait point le luxe de références et de délicates controverses qui avait présidé au travail de préparation : c’est de résultats avant tout que les débutants ont affaire, et je suis absolument sûr d’avoir répondu aux intentions de mon cher et regretté maître en n’empruntant à son commentaire que quelques citations isolées. Mais je me réservais de le publier un jour en son entier, sans addition ni lacune, sans autres changements que de pure disposition extérieure. C’est ce que je fais aujourd’hui. Je le dédie à la Société qui vit les brillants débuts de Bergaigne, à ses confrères et à ses dignes élèves : en suivant dans ces pages le progrès de sa pensée, ils admireront une fois de plus avec quel scrupule ce rare et sincère esprit se critiquait et se corrigeait incessamment lui-même, sans autre souci que la recherche désintéressée de la vérité. Je saisis enfin cette nouvelle occasion de témoigner ma reconnaissance à sa famille, si cruellement éprouvée, dont la confiance et l’amitié m’ont permis de lui rendre ce dernier et pieux devoir.