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Page:Berger - Les Femmes poetes de l Allemagne.djvu/79

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sur lui une impression aussi durable que vive. L’attraction fut réciproque, et, comme pour Bettina, il y eut certainement, dans le sentiment éprouvé par Marie-Anne, une part de fierté d’avoir su retenir l’attention d’un homme auréolé de tout le prestige du génie, l’idole d’un pays. On sent cette impression dans les vers écrits par la jeune femme sur l’album de Goethe[1] :

Tu m’appelles : chère petite, — et je me compte,
en effet, parmi les petits. — Appelle-moi toujours
ainsi, — et je m’estimerai heureuse toute ma vie.

On te nomme parmi les plus grands, et l’on
t’honore comme l’un des meilleurs. On ne peut
te voir sans t’aimer. — Que n’es-tu resté parmi
nous !

Mais je garde humblement le silence. — Aie pitié
de mes vers. — Ne juge pas trop sévèrement —
un pauvre petit poète.

Marie-Anne Villemer était poète, en effet ; elle s’intéressait fort aux belles-lettres, et ce fut là un trait d’union de plus entre les deux amis. Leurs relations devinrent rapidement

  1. Les traductions des poèmes de M.-A. Villemer sont également empruntées à l’article de M. Bossert.