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Page:Berger - Les Femmes poetes de la Belgique.djvu/181

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Ce Déménagement campagnard laisse une place à l’idylle ! Trienne, la fille du fermier, se brouille avec son fiancé, Themis, mais, à la faveur des fêtes de la crémaillère, un rapprochement s’opère et tout s’arrange dans un rayon de soleil.

Une telle œuvre est déformée par la transcription qui la prive de la cadence prosodique ; comment donner une idée juste de son charme et de sa couleur ? De même, une légende bas-bretonne ou un récit provençal perdent la majeure partie de leur saveur à travers notre français correct et loin du décor local qui les a vus éclore. Que reste-t-il d’un lampyre ou d’une luciole, petites étoiles terrestres de la nuit campagnarde, après un instant d’emprisonnement dans notre main ?

Par Mlle Belpaire et par Hilda Ram qui eût pu donner de nouvelles œuvres si elle n’était morte prématurément, en 1901, nous voyons donc se continuer la tradition flamande : produire une œuvre utile et moralisatrice dans une forme simple, mais artistique par sa vérité même, ainsi mise à la portée du peuple aussi bien que de l’élite.

L’auteur des Feuilles de trèfle du champ de la vie n’a-t-elle pas résumé sa « conception de l’être et du devenir » en ces quelques lignes :

« Heureux celui qui a une tâche à accomplir, — un fardeau à porter !… celui qui sait où il va…, qui, toujours, aux autres songe — en s’oubliant soi-même !… celui-là, du moins, ne s’affaisse pas, douloureusement, même s’il soupire souvent, — car, si sombre que soit sa vie, — une lumière y brille pour lui… Son renoncement lui affermit