Page:Bergerat - Contes de Caliban, 1909.djvu/117

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Il se promettait bien de ne pas mourir sans l’avoir vue complètement « babuinée » et digne d’être offerte, dans l’étui nacré de perles, sinon au bon roi Charles VI, qui était déjà fou, du moins à Mme Isabeau de Bavière, sa chaste épouse allemande.

Il y avait longtemps déjà qu’Orderic avait terminé la copie des dix « Bucoliques » qui ne fournissent que huit cent trente-six vers, malheureusement — et aussi celle des « Géorgiques » (les quatre) qui se totalisent, hélas ! à deux mille cent quatre-vingt-dix-huit hexamètres, sans plus. Restait la sublime Énéide, préservée du feu par Mécène, qui est resté, de ce fait, immortel.

L’Énéide, je vous le rappelle pour l’intelligence de ce beau conte du temps passé, s’étale et se déroule sur douze mille trois cent vingt-neuf alexandrins. Le moine y travaillait depuis dix ans et il n’en était qu’à la fin du sixième chant (soit à quatre mille sept cent cinquante-quatre vers), et le poème en a douze, mais il n’en a que douze à l’inconsolable chagrin des hommes.

Il est vrai que, à un vers par jour, et les dimanches et fêtes défalqués, Orderic lui-même ne pouvait guère aller plus vite. En outre, cet