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IV

LE BATEAU DE FLEURS


C’était un yacht, un joli yacht appelé le Coromandel. D’où lui venait ce nom hindoustan, je l’ignore. Rien ne ressemblait moins en effet à ces naïves pirogues, les « schelingues », carènes de cuir et d’écorce cousues de filasse de cocotier, sur lesquelles on aborde en rade de Madras, à travers trois barres terribles d’écume hurlante ; car, non seulement le Coromandel était une merveille de construction nautique, mais encore il ne tenait même pas l’eau en rivière, et il dormait, inutile et dérisoire, dans notre doux port d’Asnières-sur-Seine.

Or, ledit Coromandel avait bel et bien coûté les cent mille francs à son propriétaire, jeune armateur de fantaisie surpris en pleine bohème par le gros lot d’un héritage colossal, et décidé