Page:Bergerat - Contes de Caliban, 1909.djvu/210

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fallait une, sous peine d’en perdre mes esprits animaux, et ça, tu sais, c’est la camisole de force.

Je vendis tout et j’engageai le reste. Elle valait trente-deux mille francs, prix d’artiste. Je ne la marchandai même pas. Je l’eus, dédaigneux des contingences.

— Voici, dis-je au génial fabricant, il me la faut vertigineuse. Mirbeau m’embête. Est-elle vertigineuse ?

— Garantie pour course à la mort, fut la réponse.

— Ce n’est pas assez. Puis-je, dedans, monter au Brocken, comme Faust, en dix minutes, pendant une nuit de Walpurgis ?

— Avec ou sans Méphistophélès, au choix.

— Tope donc.

— Et je partis.

— Bon voyage, poète ! me cria-t-il, et c’était le mot juste, mais j’étais déjà au diable, sans savoir où j’allais, bien entendu. On va !… Le spasme est là, à dire d’experts, quand ils avouent.

Je ne menais encore que le train où les poules échappent, et je sortais à peine de l’enceinte quand, d’un coup d’œil, j’embrassai, comme au vol, la silhouette fugitive d’un