Page:Bergerat - Contes de Caliban, 1909.djvu/212

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rouge. Impossible de douter, au reniflement de ses narines pileuses comme à la bave de sa langue pendante, qu’il ne flairât quelque proie dans la forêt, et pour l’atteindre, je multipliai mes voltes. Il ouvrit le compas de ses guibolles, et prittt ! disparut par delà les cimes.

Plein de foi dans la voiture invincible qui me portait comme Élie son manteau prophétique, je la précipitai dans l’ombre verte des chênes, à la poursuite de l’homme aux bottes ailées. Il ne sera pas dit, me jurai-je, que la science — et quelle science ! mon cher Octave, celle même qui réduit la distance à une hypothèse — le cédera à je ne sais quelle vision fantomatique dont le mirage ne relève que du conte. Nous allons voir si des bottes, de simples bottes archaïques, l’emportent sur une machine de trente-deux mille francs, garantie méphistophélesque, et signé d’un mécanicien auprès duquel Archimède et Vaucanson ne sont que des constructeurs de polichinelles. Et je la lançai à une telle allure qu’elle faillit, dans une clairière, écraser un petit garçon tenant deux fillettes par la main et qui, d’après ma notion des choses, y cueillait des violettes pour la fête de la Mère l’Oie.

Comme je m’étais arrêté net, ainsi que l’on s’arrête quand on débute, l’enfant me pria de