Page:Bergerat - Contes de Caliban, 1909.djvu/260

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même, en présence du recteur de la paroisse, tandis qu’Azeline dansait, comme une innocente, à Jouvente-sur-Rance.

« Elle seule ignorait peut-être son infortune, annoncée par les mouettes. Une cousine mauvaise, parce qu’elle était carabossue et naine, lui avait bien dit, par allusion :

« — Il y en a qui dansent sur les trous des fosses !

« Mais elle n’avait pas compris. Pouvait-elle comprendre ? Elle l’aimait tant, son beau Jan Bris ! Et elle était rentrée dans la ronde.

« Ce fut alors qu’on vint l’avertir que quelqu’un la demandait à la porte de la métairie, sur la route. Elle y alla ; c’était Jan Bris.

« Il tenait par la bride un cheval gris de fer qui, malgré le soleil, était enveloppé de brouillard. Ses naseaux en fumaient comme des cheminées, et ses sabots en tiraient comme du chanvre qu’on dévide.

« — Jan, mon bien-aimé !…

« Mais il repoussa son doux embrassement.

« — Tu danses trop, fit-il.

« Et, consternée, elle lui disait :

« — Es-tu jaloux ? Doutes-tu de moi ? Je te suis fidèle. Je t’attendais !…

« — Alors viens, fut la réponse.