Page:Bergerat - Contes de Caliban, 1909.djvu/313

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— Ne le dérange donc pas, fit le capitaine en se levant de la margelle.

Et le tambour battit dans la nuit qui tombait.

Mais en même temps la cloche de l’église tinta, le recteur sonnait l’angélus lui-même, car il n’avait pas de bedeau, et c’était l’heure. Le capitaine fit un signe, le tambour s’arrêta et laissa les airs à la voix d’airain pacifique. Son appel ne fit sortir personne des deux cents et quelques feux échelonnés sur le coteau, au pied du château désert et clos. Ou le village était lui-même abandonné, ou ses paroissiens se terraient. L’angélus se tut à son tour, et il s’épandit un vaste silence.

Alors le tambour reprit et roula trois fois. Puis le capitaine, debout sur la fontaine, énonça lentement dans cette solitude :

« Ordre de l’état-major allemand. Les habitants de la commune ont un quart d’heure pour se réunir tous dans leur église paroissiale, faute de quoi les meubles, immeubles et récoltes seront livrés à l’incendie. Les femmes et les enfants, exceptés seuls de la mesure, pourront se réfugier au château, mais sans leurs animaux domestiques.

Cinq minutes après, onze hommes parurent