Page:Bergerat - Contes de Caliban, 1909.djvu/333

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de ces accidents de montagne que la Suisse, grâce à Dieu, n’a pas en privilège. » (Le Léman.)

Dernière heure. — « Nous apprenons que la jeune fille, une Française, nous l’aurions parié, vient d’être réclamée par son père, célèbre écrivain socialiste et l’un des apôtres de l’évolution libertaire du féminisme. Taire son nom en cette circonstance, c’est respecter doublement sa douleur. Homo sum. » (N.D.L.R.)

Ce socialiste, c’était Théophraste-Edme Garrulon, et sa fille s’appelait Olive. Elle avait vingt-deux ans.

Il était exact que Garrulon, mort à son tour dans un hospice de déments, fut l’un des plus ardents apologistes de la libération sociale de la femme chrétienne. Mais différent en cela des théoriciens platoniques de sa doctrine, il la prêchait non seulement du verbe, écrit ou parlé, mais du fait et de l’exemple. Resté veuf et seul avec une fille par la disparition de sa femme, il avait élevé l’enfant conformément au principe de l’égalité totale des deux sexes et aux conséquences dudit principe, qui sont fort graves. Il l’avait trempée enfin pour le combat sans appui de la vie à travers le maquis des lois, des mœurs et des croyances. Et Olive était