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Page:Bergerat - Contes de Caliban, 1909.djvu/341

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excellente ménagère, représentait bien à la visiteuse la femme de gynécée de la doctrine de l’affinité élective. Ses enfants étaient d’ailleurs superbes et de force et de santé. Elle en était fière avec calme.

Une deuxième visite de remerciement pour l’hospitalité reçue en détermina une troisième, puis l’habitude se noua et Olive vint tous les jours. Elle devenait disciple favorite du négateur, celle qui recueille les « propos de table » des réformateurs, et Max Ozal ne pouvait déjà plus se passer d’elle. Elle lui prenait des notes, rangeait ses papiers, l’aidait à sa correspondance.

Elle avait peu à peu renoncé à sa coquetterie de Parisienne, ruban à ruban, bijou à bijou ; elle se défleurissait et versait à la momière par une progression systématique dont le sens n’échappait point à Mme Ozal, si simple fût-elle. Enfin, un matin Olive entra presque méconnaissable, la chevelure tondue et d’aspect si garçonnier que le docteur lui-même ne put retenir un cri de révolte. Ah ! c’était trop, et il n’avait jamais dit que le renoncement dût aller jusque-là ! Puis il claqua la porte et sortit, troublé jusqu’au plus profond de l’être. Il marcha longtemps sur les bords du lac, n’arrivant