Page:Bergerat - Le Maître d’école, 1870.djvu/13

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 12 —



XX

« Je leur dirai cela dans la forêt, là-bas.
« Car j’y vais retourner ! En ne te voyant pas,
« Ils vont me demander : Mais elle, où donc est-elle ?
« Je leur expliquerai qu’il ne faut plus t’aimer !
« Et, si je puis le dire enfin sans blasphémer,
« Que tu n’étais ni bonne, ô mon ange, ni belle !


XXI

« Adieu donc, chère femme, adieu jusqu’au revoir !…
« L’amour n’est que la vie, il n’est pas le devoir !…
« N’importe où je mourrai, c’est ici que j’expire !… »
— Je ne pus retenir mes sanglots étouffants.
Son père m’avait pris les mains : — « Pauvres enfants !
Disait-il, vous payez les gloires de l’Empire ! — »


XXII

Qu’il fut long le moment qui nous tint embrassés !
Il me semble si court à présent ! « C’est assez, »
Dis-je. — Mais tout à coup je vois pâlir ma femme !
Au geste qu’elle fait, nous devenons tout blancs :
— Que ferai-je du fils que je porte en mes flancs ?
Cria-t-elle. — Ah ! Messieurs ! la guerre est bien infâme !