Page:Bergerat - Souvenirs d’un enfant de Paris, vol. 3, 1912.djvu/97

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marchait dans ce rêve étoilé de parlementaire qu’il allait d’ailleurs bientôt réaliser. On voit que je tombais au bon moment, et, surcroît de veine, le député n’était rien moins que le neveu de cet admirable notaire, Maître Turquet, mon ancien propriétaire honoraire de l’Enclos des Ternes, auquel, locataire éternel et reconnaissant, je devais et dois encore tant de trimestres évanouis.

Fait divin, loin de nous dresser l’un contre l’autre, cette dette composée, nous unit en Jésus-Christ dans sa boule de neige, car en vérité le neveu valait l’oncle et tous deux étaient à l’envi de parfaits bonnes gens, tels qu’on n’en voyait pas beaucoup même sous Louis Quatorze, de surfaite mémoire.

Je ne puis, sans qu’il me poigne le cœur, évoquer le souvenir de ce malheureux Georges Haquette mort, il y a quelques années au Pollet, dans cette maison de pêcheurs, où la mer battait sa porte. Il avait du talent à en revendre et il ne le cédait pas à Vollon même comme praticien de la palette. Que de destinées restent incompréhensibles et que d’iniquités imbéciles dans ce qu’on appelle la cote au marché des toiles ! À cette date, 1879, Georges Haquette, énergique, laborieux, fou de son art, tirait bien un peu le diable par la queue, mais qui m’eût dit qu’elle lui resterait dans la main !

Il avait parlé à son beau-frère de mon projet « participatoire » et antifinancier, et je n’eus pas la peine de lui en expliquer le mécanisme artificiel ensemble et ingénu comme du Robinson Crusoë. Ainsi que les autres il accepta d’en être, à titre d’influence. — L’idée est dans l’air depuis la Commune, me dit-il ; et vous la cueillez au vol, c’est démocra-