Page:Bergerat - Souvenirs d’un enfant de Paris, vol. 4, 1913.djvu/161

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Georges casse à coup de fourche l’acquittement de Mme Lafarge.

Ici l’intermède comique, selon la règle imprescriptible. C’est la crinoline qui en fournit le thème et l’épisode. Une « femme du monde » se présente enjuponnée d’une immense carapace qui lui sonne aux reins comme une cloche. Au paroissien qu’elle a dans la main, on devine qu’elle va à la messe ou qu’elle en revient. Le bon diable de Georges s’approche, méfiant, et du trident justicier, lui retrousse les jupes. Il en sort un amant, puis un autre et la kyrielle. Le public en laisse pour la joie au festin des dieux dans Homère. C’est la carottière de la mode, d’une mode un peu périmée, peut-être, mais Anastasie protège les modernes sans doute, et la crinoline c’est l’Empire. Georges brûle cet attribut de la seconde corruption.

Le troisième acte est en vérité magnifique. La scène représente une mer de feu sans bords, océanique, à perte de vue, une sorte de chaos en déliquescence. Bien entendu, le Juge, à droite, et l’Avocat, à gauche, président à cette fin du monde embrasée, leur infructuosité étant l’idée-mère du mystère. Et tout à coup, maître de ballet du Jugement Dernier, Georges, formidable, se précipite et se met à piler, piler, piler des têtes couronnées et même tiarées qui émergent, comme on foule le raisin en cuve. Non, ils ne savent pas ce que c’est que la fureur hilare, ceux qui n’ont pas ouï ce vox populi reconduire, à travers l’histoire, les tyrans classiques de l’humanité. — Eh ! va donc, Sésostris !… As-tu fini, Nabuchodonosor ?… Oh ! là là, mon Denys de Syracuse !… C’est toi, Bismarck ? Je t’em… brène !…