Page:Bergerat - Souvenirs d’un enfant de Paris, vol. 1, 1911, 3e mille.djvu/244

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et défensive, un peu sérieuse, en un temps où, d’une part comme de l’autre, on jonglait avec le mont Valérien comme avec une balle. Il était quelqu’un, vraiment, ce Gustave Flourens, l’une des gloires de l’Université, il avait l’âme héroïque des Bayards de la liberté, il était de la grande lignée des conducteurs d’hommes. Qui sait, enfin, si Paris ne l’eût pas emporté sur Versailles par la présence seule de ceux en qui il se reposait, à qui il commettait sa foi politique et qui avaient déserté leur popularité même ? Léon Gambetta en face de M. Thiers, dans la capitale, en Danton de l’insurrection ? Il le pouvait, il le devait, ce semble, puisque seul il sortait indemne du discrédit où sombrait le gouvernement capitulard. On peut rêver cette page inécrite de son très beau livre de patriote.

À la distance de quarante années, à la mise au point du recul historique, la Commune paraît être, sans plus, l’expression de l’antagoniste déplorable de la province contre Paris, foyer incandescent de centralisation, et la plus forte crise d’un débat séculaire qui remet sans cesse en question notre unité française. L’écroulement de l’Empire dans le Maelstrom de la défaite monta cette crise à l’hyperaigu et faillit déterminer un démembrement, dont, il faut bien le reconnaître, M. Thiers nous sauva. Non seulement la province souscrivit seule à la capitulation, mais Paris l’exécra et la refusa jusqu’au bout ; la tête reniait les membres. Ceux qui survivent de ma génération se remémorent encore avec quel mépris nous taxions de ruraux les pères conscrits de ces élections de Bordeaux dont l’Assemblée ratifiait les clauses du traité de Francfort. Celle qui souffletait