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Le lendemain matin, nous courûmes aux nouvelles à La Ferté-sous-Jouarre. Tous les journaux confirmaient la nouvelle, et nous décidâmes de n’en pas rapporter à Rosebois. Nous cherchions le moyen de masquer la vérité à notre hôte vénéré, lorsqu’en passant devant la gare, nous nous trouvâmes nez à nez avec Georges Becker. Il arrivait de Paris, chassé par les combats de barricades, dont l’une, rue Vavin, obstruait son atelier.

— L’armée de Versailles, nous conta-t-il, occupe tout le quartier de Vaugirard. Au carrefour de la Croix-Rouge, les Fédérés se battent comme des tigres et tombent comme des mouches ; on fusille les autres sur les portes.

— Et le Louvre ?

— Le Louvre incendié, mais pas le Musée.

— Les magasins ?

— Non plus, la bibliothèque seulement. La division de Douay est arrivée à temps pour circonscrire le feu. Le Musée est sauf.

Nous prîmes nos jambes à nos cous…

— Papa Glaize, papa Glaize, criâmes-nous tous ensemble du bas du jardin, ce n’est que la bibliothèque !

Et, fait inouï, je le criais plus fort que les autres, tous peintres, moi, écrivain et bibliophile.

« Que la bibliothèque !… Que !… » Tant il est vrai de dire que la sensation l’emporte sur le raisonnement. Mais où est mon hypothèse du savant grec d’Alexandrie ?

Sur ce problème, car c’en est un, des incendies de la Commune, je n’ai rien à dire ou pas grand-chose, n’y ayant point assisté. On sait que les deux