Page:Bergerat - Souvenirs d’un enfant de Paris, vol. 1, 1911, 3e mille.djvu/365

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Je dus à cette méprise si flatteuse d’avoir pu finir ma bécasse.

Eugène avait deux rêves : il voulait être reçu au Salon et il désirait être décoré de la Légion d’honneur. Pour le premier de ses vœux, tous ceux qui le pouvaient s’employèrent à le satisfaire, mais je ne me rappelle plus s’ils y parvinrent. Il est probable, toutefois. Quant à l’autre, c’était plus difficile, quoi que l’on fût en démocratie.

— Mais enfin, lui disait la Princesse déconcertée par cette ambition, à quel titre, voyons, voulez-vous que je demande la croix pour vous, Eugène, et à qui ?

— À qui ? Mais à M. Thiers. Il ne peut pas me la refuser.

— Pourquoi ?

— Parce que nous sommes, lui et moi, dans la même situation.

— Comment ?

— Sans doute. Orléanistes tous les deux, ne servons-nous pas l’un et l’autre sous des drapeaux qui ne sont pas les nôtres ; lui, la République, moi, les Bonaparte ? Le sacrifice est le même, s’il n’y a qu’une conscience. Du reste, s’il faut un titre, je suis étonné que Votre Altesse le cherche… et ce n’est pas à Eugène à le lui indiquer… Un bon serviteur, par le temps de démagogie qui court… ça ne se trouve pas encore sous les pieds d’un cheval d’omnibus !

Elle ne put, d’ailleurs, lui faire entendre raison, et, à son vif regret, elle dut laisser partir l’orléaniste, qui se perdit dans le parti des ducs.

Dans une réunion de maîtres ès arts, à Paris, lorsque Théophile Gautier en était, on lui laissait