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XVI

ÉMILE ZOLA CHEZ THÉOPHILE GAUTIER


Un soir, Maurice Dreyfous, mon déménageur, qui venait d’entrer comme associé de Georges, dans la librairie Charpentier, amena à Neuilly un jeune écrivain pour le présenter au poète d’Émaux et Camées.

C’était un robuste garçon d’une trentaine d’années, à la tête ronde comme un boulet de canon, les cheveux en brosse, la barbe noire et fournie, portant binocle et sentant son méridional d’une lieue. Dans ses manières, cependant, où l’assurance se mêlait à la timidité, se décelait une foi sereine, non seulement en la puissance des lettres, mais en la sienne propre, et je me rappelle, comme d’hier, la familiarité, tout juste déférente, avec laquelle il répondit au salut de bienvenue de l’hôte, qu’il voyait d’ailleurs pour la première fois. C’était comme un nec pluribus impar de maître à maître.