Page:Bergerat - Souvenirs d’un enfant de Paris, vol. 2, 1912.djvu/307

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

poète. Comptez, avant. — Non, pendant, fit-elle. Il y avait une bougie rose près de l’autel. Elle prit le premier billet de la liasse et languissamment, du bout des doigts l’approcha de la flamme. — Ne perdez pas de temps, cher ami, au douzième tout sera fini. Rien ne va plus vite que le feu. Voyez du reste. — Et le bank-note flamba.

Au onzième, le sopha de Crébillon n’avait plus rien à raconter.

— Il en reste un, cocoriqua le vainqueur. — Oui, mais c’est trop ou trop peu. — Non, dit Gaiffe, il est faux, comme les onze autres, mais quel chef-d’œuvre de gravure !

Les jardiniers étaient vengés.


Je vous ai dit qu’on ne sait où se trouvent les restes de la Païva, et l’on se demandait ce que le diable lui-même en avait bien pu faire. J’ai eu d’une personne digne de foi le mot de l’énigme. Si vous aimez le macabre en voici de première qualité. Ah ! quels philtres elles vous versent ces sorcières de l’amour maudit !

Le témoin dont je vous parle voyageait en Allemagne lorsque le prince impérial, devenu veuf de sa chère septuagénaire, se vit contraint, par ordre, de se remarier. On ne badine pas avec la famille sous la tente prolifique et patriarcale des Hohenzollern ; les troupeaux d’Abraham sont nombreux, et il faut pour tous et chacun des pasteurs aux houlettes pangermaniques.

Adonc celui de l’Alsace-Lorraine, plus occupé, semble-t-il, de germanisation que de germination, avait été invité à se pourvoir. Il se pourvut. La jeune