Page:Bergerat - Souvenirs d’un enfant de Paris, vol. 2, 1912.djvu/43

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allés divisés par une animosité douloureuse, était le même entre leurs personnes qu’entre leurs écrits. Alphonse Daudet, beau comme un jeune cheik arabe agité, passionné, expansif, avait la cigale bruissante. Paul Arène, dont la tête énorme était en disproportion avec un corps malingre et petit et rappelait les bustes des philosophes helléniques, donnait la sensation d’un sage. Peut-être disait-il vrai en somme quand il attribuait à sa Sisteron une origine grecque. Ce qui n’est pas douteux, c’est que, de tous ceux de Provence, il est à peu près le seul qui, sans infidélité à Mistral et demeuré félibre invétéré, ait eu cette vertu du style dont la floraison semble s’arrêter en deçà de la Loire.