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II

À GENÈVE


Or j’entrai au Journal officiel.

Je ne sais pas pourquoi Alphonse Daudet me voyait le nez d’un critique d’art, car je n’avais jamais écrit une ligne sur la peinture, mais voici comment il en raisonnait : — La critique est une question de technologie. Quand on a le lexique spécial, c’est comme en jurisprudence, on a tout. Le reste est affaire de notes. Écoute, autour d’un billard, des connaisseurs juger d’une partie. Ils ne sont pas fichus d’exécuter un carambolage, mais ils possèdent le manuel du jeu, ils disent : — Coulé sur bande, massé, rétro, fine fin fort la bille en tête, effet carré, et leur jugement s’impose en cas de litige. Voilà la critique d’art, et dans tous les arts. Et puis veux-tu, oui ou non, mettre la croûte au pot chez toi ? Alors viens.

Et il m’avait emmené à l’Officiel dont son frère, Ernest Daudet, venait de prendre la direction sous les auspices du duc de Broglie.