Page:Bergerat - Souvenirs d’un enfant de Paris, vol. 3, 1912.djvu/108

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devant les superbes cartons d’Ulysse Butin qui composaient notre exposition gratuite.

Mon pauvre cousin, je vous l’ai dit, était rebelle à la blague, dont l’Italie n’a ni le mot ni la chose. Il avait pris son chapeau et sa canne et sans desserrer les dents, il s’en était allé en claquant la porte. Puis comme il ne reparaissait pas, et malgré que les abonnements couronnassent en foule l’intérim de Prinsler, homme expert en clientèle, une inquiétude nous vint de son étoile errante.

— Tu sais, me dit Zizi, il me manque.

— Je n’osais pas te l’avouer, mais à moi aussi.

— En somme il était décoratif, n’est-ce pas ?

— Indubitablement. Il y a bien la question des abonnements. Je n’ai pas à apprendre à un administrateur tel que toi, qu’ils affluent depuis son absence et que Prinsler en place comme des flûtes de Champagne par son verbe avenant et melliflu.

— Oh ! les abonnements ! À quoi servent-ils puisque l’on coopère ? Allons chercher le duc, veux-tu ?

— Où ? Je ne sais pas où il perche. Il ne m’a jamais donné son adresse.

C’était la stricte vérité. La vie bizarre de cet orgueilleux déclassé était à base de roman d’amour, d’un amour malheureux, dont il voilait jalousement le mystère. Il est probable que l’écroulement de la cour bourbonienne de Naples avait entraîné celui de ses espérances, et qu’il ne voulait pas plus de témoin de sa ruine que de confident de sa douleur.

Un matin, cependant, il revint à son poste et nous l’y trouvâmes en fonctions. Il n’avait pas transigé avec ses principes irréductibles de courtoisie en fait d’abonnement et nous dûmes, par une note, rassurer