Page:Bergerat - Souvenirs d’un enfant de Paris, vol. 3, 1912.djvu/112

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mois à partir du jour où paraîtra le premier numéro du journal La Vie Moderne, sans que la publication de ce premier numéro puisse être retardée au delà du 17 avril 1879. »

[Il parut sept jours plus tôt, soit le dix avril. Vent de l’Olympe.]

« Pendant cette période d’essai, les soussignés s’obligent respectivement, et, à titre de participation, à fournir, chacun suivant sa spécialité ci-après indiquée et dans les conditions qui vont être précisées, les éléments principaux nécessaires à la production et à la publication du journal et, ce, de la manière et ainsi qu’il suit… »

J’entends encore, je vois, je dessinerais Me Huillier, debout, revêtu de sa magistrature, nous répartir nos rôles divers dans l’œuvre commune, et tel un ingénieur du génie arme ses sapeurs, l’un du levier et l’autre de la hache, au pied de la citadelle.

« Premièrement, M. Auguste-Émile Bergerat…»

— Présent, fis-je, troublé et me croyant ailleurs. Est-ce la voix de Cujas que j’ouïs à travers les siècles ? — Je ne sais pas, me dit Zizi, mais elle est grave. Rassieds-toi et écoute, c’est de la prose.

La charte, en m’investissant de la dignité double de rédacteur et de gérant, m’en fixait les obligations écrasantes. Comme gérant, c’était l’éventualité de la paille humide et de la saisie-mobilière y afférente. Je crus devoir aviser mes associés que si j’étais prêt à faire honneur à la première contingence, j’échappais fatalement à la seconde par insuffisance de l’acajou saisissable. Ils le savaient et me rassurèrent de leurs cinq dextres bienveillamment tendues. Ah !