Page:Bergerat - Souvenirs d’un enfant de Paris, vol. 3, 1912.djvu/116

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gion d’honneur et une bonne stalle au paradis, si ce n’est au héros d’une telle munificence ?

Et enfin, voici le paragraphe que Zizi, le bohème joyeux devenu notable grave, eut à signer — et signa sans vertige :

« Sixièmement, M. Georges-Auguste Charpentier couvrira le journal de sa responsabilité d’éditeur. Il sera chargé de son administration, de sa comptabilité, de la publicité nécessaire pour le faire connaître, de son expédition et de tous les frais de poste, distribution et messageries. Il pourvoira à ces divers services, d’une part au moyen de son personnel ordinaire, payé par lui, et, d’autre part, au moyen d’un autre personnel spécial à l’administration du journal, comprenant le secrétariat de la rédaction, les garçons de bureau et de magasin, l’employé aux abonnements. » — Id est Antonin Capece Minutolo, duc de San Valentino, ainsi que je vous l’ai conté.

Je ne sais si cette charte extraordinaire, et le seul essai de mutuellisme qui, à ma connaissance, ait été tenté dans la partie, peut servir de modèle aux associations ouvrières et syndicats, où la Démocratie cherche sa cité future, et je n’en publie que ce qu’il faut pour prouver qu’elle eut bel et bien son notaire. N’en déplaise aux gens de peu de foi, cette Icarie fut légalisée et elle prospéra beaucoup plus longtemps que les trois mois de l’expérience coopérative. Le premier numéro de La Vie Moderne eut un succès immense et j’ose le dire, mérité. Sous sa couverture lavée par Joseph de Nittis, il contenait un dessin d’actualité de Daniel Vierge, un carton de Paul Baudry, une double page d’Ulysse Butin, notre premier exposant, des croquis de Meissonier, de Detaille,