Page:Bergerat - Souvenirs d’un enfant de Paris, vol. 3, 1912.djvu/266

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À ceux qui, bénévolement, et sur la foi de ma jovialité, m’attribueraient la composition de cette page de physiologie féministe, je n’ai qu’une chose à répondre : — Que ne puis-je mériter l’honneur qu’ils m’en font, puisqu’un Balzac même ne saurait y prétendre, quelque Balzac qu’il puisse être ! Balzac eût tiré le roman de la lettre, mais écrit la lettre, non pas, or c’est d’écrire la lettre qu’il retourne, la sublime « lettre d’Ozy », telle qu’elle est, sans un mot de plus ni de moins, intégrale, et, de cela, je défie le plus beau type des génies mâles. Il faut le sexe et le métier du sexe. Document unique et sans prix, je l’offre en le rééditant à la mère-patrie.

Et ne croyez pas que je plaisante. La lettre, aussi éloquemment que le dévotement sacré de Phryné devant l’aréopage hellénique, dévoile l’âme nue de la fille de joie éternelle, toujours puérile à travers les âges mais dolente depuis l’Évangile, et nous avons ici tout entière cette « Madeleine repentie » dont la plainte est celle des bêtes torturées, et qui en appelle à la loi Grammont, dont elle relève.

Il est certain qu’Aspasie écrivit à Périclès d’un autre style que la pauvre Alice Ozy au bon Théo et qu’elle ne gémissait pas d’être, au temps de Phidias prise pour une fille « de marbre ». Mais si les mœurs ont changé, le commerce est resté le même, étant immodifiable, je pense, en sa donnée comme en ses exercices, et ce commerce n’est pas gai. Il y a de quoi frissonner d’épouvante à l’idée du travail que représente l’offre de cette pallaque antique de reconstruire à « elle seule » les cent portes de Thèbes sur le rendement de son art industriel et comme dit la « Lettre », par son courage. Toute l’Égypte avait dû