Page:Bergerat - Souvenirs d’un enfant de Paris, vol. 3, 1912.djvu/55

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clocher semble danser la bamboula dans la prairie.

Quant à la statue, ce n’est pas celle de Frans Hals. Ce n’est pas non plus celle de cette héroïque Kanau Hasselaer, la Jeanne Hachette de Harlem, qui, à la tête de trois cents femmes, prit une part si glorieuse à la défense de la ville en 1572 contre les Espagnols. Ce n’est pas même celle de l’un des enfants illustres de la féconde cité, van der Helst, Wynantz, Wouwermans, Berghem ou Ruysdael. Non, les Harlemois n’ont eu de bronze que pour Laurent Coster, un brave aubergiste dont le titre de gloire est de ne pas avoir inventé l’imprimerie. Voilà bien de nos Hollandais ! Laurent Coster n’est pas même à Gutemberg ce que Améric Vespuce est à Christophe Colomb. Il ne fut notoirement qu’aubergiste, gloire vague qui mérite mal le bronze. Mais au moins, vas-tu dire, la statue est-elle bonne par elle-même ? À cela rien à répondre, sinon qu’une nuée d’oiseaux s’y était abattue et qu’une grande partie de barres aériennes semblait engagée entre eux, dont un camp était dans la tour de la cathédrale et l’autre sur les épaules du bonhomme.

Mais venons à Frans Hals. Il est évident que le maître devait se plaire dans une ville telle que celle-ci, claire, gaie et pittoresque et qu’il l’avait bien choisie pour encadrer son génie. Aujourd’hui encore c’est à Harlem qu’il fait meilleure figure ; on ne le voit bien que là. Du reste avant que Rembrandt n’eût transporté à Amsterdam même le siège de l’école néerlandaise, Harlem passait pour le foyer d’art de la Hollande. On la surnomma la Bologne du Nord. Pendant tout le seizième siècle sa prééminence fut sans rivale. Tous ceux qui aimaient la peinture