serment. Ajoutons bien vite qu’il le tint glorieusement, car huit jours après Anneke était morte, emportant avec elle cette erreur de jeunesse.
À peine maître de sa liberté, Frans Hals songea à en faire bon usage, et s’étant épris d’une belle jeune fille de Spaerdam nommée Lysbeth Reyniers, il s’en alla la demander à ses parents. Il faut croire que la réputation du peintre n’avait point trop souffert de sa précédente aventure conjugale, puisque la jeune personne lui fut immédiatement accordée. Il est constant d’ailleurs que Frans Hals n’a jamais été le brutal personnage que les historiographes se sont plu à représenter sous son nom, et que ses excès de buveur ne dépassaient point la mesure accordée aux honnêtes gens par les mœurs hollandaises du dix-septième siècle.
Les compatriotes de Frans Hals se donnent aujourd’hui beaucoup de mal pour laver sa mémoire de ce renom de gai compère dont la tradition l’a souillé à leurs yeux. Ils ne veulent pas que le maître ait été un bon vivant, fort adonné aux plaisirs de la bouteille, et ils entassent des volumes pour démontrer que le saint homme a été calomnié. J’avoue pour mon compte que la légende, si légende il y a, ne me gâte en aucune façon l’artiste. La physionomie du Frans Hals en belle humeur, rentrant gris le soir à la maison et battant sa femme, n’est pas très conforme à l’idéal que l’on se fait aujourd’hui d’un homme distingué, mais elle me semble fort caractéristique et même ressemblante. Rembrandt, avare sordide, et comptant ses ducats aux lueurs de la chandelle, est beaucoup plus vrai, quoique peu édifiant, que le Rembrandt correct et régulier découvert récemment par la cri-