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II

HISTOIRE D’UNE INDEMNITÉ
FORFAITAIRE


Or il ne m’eut pas plus tôt signé la réception de la pièce sur le bulletin officiel de la Société des Auteurs Dramatiques que le besoin immense, fou, et professionnel de ne pas la jouer s’empara de lui irrésistiblement. Ce n’était pas sa faute et jamais je ne lui en ai gardé la moindre rancune, car ici ce sont les dieux qui ordonnent. Il n’y a pas d’exemple depuis Thespis, l’aïeul, qu’un directeur-né, et digne de ce nom, non seulement ait reçu une pièce, quelle qu’elle fût, pour la jouer, mais qu’il ait joué la pièce librement et volontairement reçue, bonne ou mauvaise, n’importe, et prévariqué de la sorte la loi absolument éternelle qui fixe sa destinée sur la terre. Et c’est bien simple à comprendre. S’il la recevait pour la jouer, à quoi lui servirait de la recevoir et par conséquent d’avoir pu la refuser ? Et s’il la jouait pour l’avoir reçue, par où démontrerait-il qu’il est