Page:Bergerat - Souvenirs d’un enfant de Paris, vol. 4, 1913.djvu/113

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à celui du jus de cervelle, c’est considérable. Il est consolant de se dire qu’un Jean Racine, s’il nous en repleuvait un, palperait, au tableau de Scribe, pour une Athalie rentrée, ses jolies deux mille cinq cents livres, prix social et judiciaire d’un travail de dix-huit années, auxquelles s’ajoutent les deux années d’expectative enragée aux ailes de plomb, total vingt. C’est de la protection pure et syndicaliste comme le diable.

Je consultai des camarades, tous indécis, d’ailleurs, sur la valeur défensive de la compensation indemnitaire. Les uns la tenaient pour jeu de chandelle et me conseillaient de renoncer à la mienne dans l’intérêt de mes pièces futures. — Les directeurs, arguaient-ils, se tiennent, comme chenilles en août sur l’aubépine. Celui que tu as tapé du dédommagement réglementaire fait le signe maçonnique aux autres, et ta carrière est terminée sous le soleil, la lune et les étoiles. — Au contraire, professaient les autres, ils n’admirent que ceux qui les prennent aux bourses. — Et je flottais dans ce litige. — Faites-le casquer, me criait Sardou. — Prenez garde, me conseillait le vénérable Camille Doucet. — Notre président a raison, m’écrivait Ludovic Halévy, soyez habile. — Je jouai la partie à pile ou face dans le cabinet de Peragallo, et ce fut mon pauvre Samuel qui écopa. Il s’en tira d’ailleurs avec sept cents francs, parce que La Nuit Bergamasque n’était qu’en vers (Ah ! l’animal !), et nous restâmes les meilleurs amis du monde. Tu sais, Fernand, je suis prêt à te les rendre.

Lorsque le czar Nicolas se mit à poursuivre les écrivains libéraux des « Années Quarante » en Russie,