Page:Bergerat - Souvenirs d’un enfant de Paris, vol. 4, 1913.djvu/169

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Ainsi parla Poulet-Malassis.

Et je pensais en le quittant qu’il m’en avait trop appris peut-être, que tout flacon est bon qui verse l’ivresse et que les arbres en fleurs de l’illusion ne gagnent rien à être effeuillés. Vénus noire ou Vénus de cire, belle menuisière, belle ferronnière, c’est tout un devant la loi du législateur de l’antagonisme attractif des sexes. L’« objet » naturaliste des poètes, comme il défie l’enquête, la repousse. La science du pagellisme est bête, et il n’y a en fait de vrai humain que l’allégorie du serpent, de l’arbre et de la pomme, le serpent fût-il légion, comme dans le cas des deux poètes.

Je ne revis plus Poulet-Malassis, qui, d’ailleurs, mourut fort peu de temps après, mordu par un autre genre de pagellisme, et même de « peluquerisme » auquel ma philosophie se refuse. L’éditeur de nos plus grands lyriques avait versé à la politique. Il publia une édition, revue et augmentée, des Papiers secrets des Tuileries dont l’augmentation lui sonnait une crise mortelle de naturalisme démocratique foudroyant. Il y révélait, sous couleur de vérité vraie, que l’un de ses plus illustres poètes avait régulièrement touché, malgré ses opinions républicaines, une pension alimentaire sur la cassette impériale. Je suis de ceux pour qui cette contradiction apparente n’enlève rien à sa gloire et en ajoute un peu à l’Empire. Mais à quoi bon lever ces dessous de la tunique ?