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LE PRINCE ROLAND


En 1887, le prince Roland Bonaparte avait vingt-neuf ans. Je ne le connaissais que de nom et ne l’avais oncques vu ni rencontré dans les forêts où je chasse, sur les flancs du Parnasse. Tout au plus savais-je par ouï-dire qu’il était fils de Pierre Bonaparte, petit-fils ainsi de Lucien, prince de Canino, et, par conséquent, arrière-neveu de l’Homme de Bronze.

Comme je sonnais alors ma quarante-deuxième année, je relevais d’une génération aussi peu que possible, et pour cause, bonapartiste, de telle sorte que, s’il n’y avait pas de mouflons en Corse, j’eusse probablement traversé cette vallée de larmes sans y avoir eu la révélation d’un charmant compagnon de voyage. Je lui dois six semaines des plus allègres de ma vie. On peut, autre Sénèque, m’exiler à Cyrnos, je n’en gémirai pas comme ce philosophe, car Vincent Bonnaud avait raison, c’est une île fortunée, ni plus ni moins.

Bonapartiste, non, assurément, mais de ceux aux yeux de qui l’expulsion des familles ayant régné sur